Qu'est ce qu'une plante carnivore ?




Voici une petite présentation tirée d'un ouvrage de JJ Labat spécialiste en la matière et pépinièriste reconnu


Le monde des amateurs est divisé en deux: :  ceux qui les qualifient d'insectivores, et ceux qui leur préfèrent le terme de carnivores.
Pour les premiers, il existe peut-être une méconnaissance du type de proies capturées, ou plus pronfondément la crainte de voir un végétal carnivore exister, bouleversant ainsi l'ordre naturel et rassurant des choses qui veut que ce soit la chenille qui dévore la salade et non le contraire !!!
Les seconds ont une connaissance de la diversité des victimes, et à travers le terme "carnivore" courent sans doute encore après un vieux rêve d'enfant : le mythe, presque réalisé, du végétal antropophage ...
Mais ces plantes n'ont pas vraiment tranché la question. Elles digèrent, bien sûr, majoritairement des insectes, papillons, mouches, petits crustacés, mais aussi parfois des vers et parfois même de petits mammifères de la taille d'un rat !!


UNE ADAPTATION AUX MILIEUX PAUVRES

L'apparition de la carnivorité chez les plantes est difficile à déceler. Pas vraiment de date, on connait quelques fossiles dont les plus anciens remontent à 85 millions d'années et qui semblent être des ancêtres d'Aldrovanda vesiculosa. Pour l'origine, on doit plutôt évoquer un long cheminenement, différent d'un groupe de plantes à l'autre, conduisant certaines éspèces vers la capture de proies, puis, fait essentiel, à leur digestion. Leur alimentation, ainsi enrichie en élément nutrtifs, leur permet de s'adapter aux milieux très pauvres où on les rencontre essentiellement : tourbières acides, eaux acides, sols sableux lessivés, et, parfois, habitats épiphites (c'est à dire vivant sur les branches et les troncs d'arbres et non dans le sol).

Sur un total d'environ 250.000 espèces de plantes à fleurs, seules 550 sont recencées comme carnivores, ce qui est très peu. Elles se répartissent en 9 ou 10 familles, 17 ou 18 genres.Certains genres se retrouvent sur tous les continents, comme Utricularia et Drosera, qui représentent à eux deux les trois quarts des éspèces. D'autres comme Cephalotus en Australie, sont très localisés.Seuls les vrais déserts et les pôles en sont dépourvus. Terrestre, aquatiques ou épiphites ces végétaux occupent des biotopes variés (marais, tourbières, savanes marécageuses,lacs ...) et des altitudes diverses, du niveau de la mer à plus de 3000 mètres.

La flore française compte plus de 20 taxons sauvages (éspèces, sous éspèces, variétés formes et hybrides naturels) : 4 droséras, 13 grassettes (Pinguicula), 6 utriculaires et 1 aldrovanda. 

LE TYPES DE PIEGES

Les mécanismes servant à attirer, guider, voire capturer temporairement les animaux, ne sont pas spécifiques aux plantes carnivores. Ils sont monnaie courante chez les plantes à fleurs où couleurs, parfums et nectars n'ont d'autre but que d'assurer la reproduction.
Avec les plantes carnivores, ces artifices ne servent pas à la reproduction mais à la nutrition, en guidant les futures proies vers les pièges où elles seront capturées puis digérées.
Il faut noter que seules les feuilles forment des pièges et jamais les fleurs : c'est que parfois les plantes carnivores ont aussi besoin d'insectes vivants pour assurer leur pollenisation. Aussi leurs fleurs se trouvent-elles souvent à l'extrémité de longs pédoncules soigneusement éloignés des zones de capture !
Les pièges sont séparés en deux groupes : actifs et  passifs.
Les premiers possèdent un mouvement plus ou moins rapide de fermeture ou d'enroulement des feuilles sur leurs proies. Les seconds n'en possèdent aucun. Ils sont de forme et de taille très variable, souvent d'une grande ingéniosité. Les diffèrents systèmes sont les suivants :



Pièges à loup de Dionea et Aldrovanda : constitués par une mâchoire, ils se referment en 1/30 s à 1/50 s. Le piège de la dionée est bien connu : son mécanisme est actionné par des petits poils sensibles situés à l'intérieur du piège. Les proies y sont attirés par la coloration rouge des lobes et la présence de glande nectarifères. Il faut noter que piège ne se referme qu'au deuxième contact avec un des poils sensibles, ce qui permet d'éviter toute fermetures inutiles. Chez Aldrovanda, le mécanisme est similaire, même si le piège ne mesure que quelques millimètres et que les captures sont aquatiques.

 Pièges à glu de Byblis, Drosera, Drosophyllum, Ibicella, Pinguicula, Triphyophyllum. Ces plantes sécrètent des gouttelettes adhésives (des mucilages) sur lesquelles les proies se collent. La capture est passive, mais chez les droséras on        assiste ensuite à un repli progressif de la feuille autour de la proie qui multiplie ainsi la surface de contact et améliore la digestion. De même, le limbe des feuilles des grassettes (Pinguicula) se replient sur leurs bords.Les autres plantes de ce groupe restent totalement passives.




Pièges à aspiration des utriculaires (Utricularia). Il s'agit d'outres disposées le long des racines qui sont munies d' un clapet dont l'ouverture commandée par des cils sensibles, entraine l'aspiration de leurs minuscules proies en 1/50 s à 1/500 s. Les utriculaires constituent à elles seules près de la moitié des éspèces de plantes carnivores. Elles sont aquatiques, terrestre ou épiphytes.











Pièges en nasse
de Genlisea : cette plante, vivant dans la vase ou le sable humide, possède des pièges à en tubes spiralés, dans lesquels les minuscules proies pénètrent. Retenues par une pilosité à rebrousse-poil, elles sont progressivement digérées au cours de leur trajet vers une "chambre" où elles sont finalement assimilées.



Pièges à urnes de Brocchinia, Catopsis, Cephalotus, Darlingtonia, Heliamphora, Nepenthes, Paepalanthus, Sarracenia : évoquant des tubes, des vases, des cornets, des souliers ou des nasses, ces feuilles transformées, nommées dans le language botanique "ascidies", forment des pièges d'où les proies n'arrivent plus à sortir. En aucun cas les clapets qui se trouvent au sommet de certaines de ces urnes ne se referment sur leurs proies : la capture reste passive. On distingue parfois trois zone : ume première zone, destinée à attirer les insectes au moyen de nectar et de couleurs ; une deuxième zone, cireuse, sur laquelle les insectes glissent ; une troisième zone, enfin, dans le fond de l'urne, remplie d'eau de pluie ou de sucs digetifs dans lesquels les insectes se noient et sont digérés.
LA DIGESTION

Plus que la capture des proies, c'est la capacité à les digérer qui caractérise les plantes carnivores.
Pour ce faire, elles procèdent de deux façons :
 
  Soit par digestion enzymatique, pour la majeure partie des genres : Aldrovanda, Cephalotus, Darlingtonia, Dionea, Drosera, Drosophyllum, Genlisea, Nepenthes, Pinguicula, Sarracénia, Triphyophyllum, Utricularia. Une ou plusieurs enzymes sont directement produites par la plante ( Acide phosphatase, Amylase, Estérase, Invertase, Lipase, Peroxydase, Protéase, Ribonucléase ).
  
Soit par digestion bactérienne pour quelques genres à urnes qui ne possèdent pas d'enzymes : Brocchinia, Catopsis, Heliamphora et Paepalantus. On qualifient ces végétaux de protocarnivores. Ce sont uniquement les bactéries vivant dans les urnes qui provoquent la digestion des proies et libèrent les éléments nutritifs qui seront ensuite absorbés par la plante.









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